Essays / categories / Histoires courtes
Rencontres
Déambulation aléatoire.
Rencontre. Prévue par le destin mesquin qui aime à mélanger les vies et les sangs.
Affabulation chronique. Imagination débordante. Je lui parle, elle me regarde, elle me sourit, elle m’aime.
Imagination traître. Elle m’oublie avant de me rencontrer.
Espoir, désespoir. Cache-cache. Je te vois tu m’ignores. Je te connais tu ne me sais pas.
Désespoir, désespoir. Solitude accaparante. Solitude solitudisante. Seul
plus seul toujours plus seul. Je suis tu n’es pas ils ne sont plus nous
ne seront jamais. Seul seul seul.
Le matin, soleil d’argent lourd et triste qui réduit les pensées
légères en avions descendus par les batteries anti-aériennes. Moral en
chute libre. Mayday mayday.
Parachute en torche crash explosion des pensées en un millier d’étoiles
épandues sur le sol meurtri. Dispersion, rompez les rangs. Fuyez! Nous
rendons les armes, pensées abandonnent le navire. Tête vide. Abandonné.
Seul.
Nuit, ciel goudronné saupoudré de miettes de pain. Nuit glauque qui englue les yeux, qui remplit de vide.
Rivière, encre noire pleurée par des anges peints en noir, eau pissée
par un dieu maléfique, eaux de l’enfantement du démon par un dieu
oublié. Eau de la délivrance, entrent par ma bouche mes oreilles mes
pores. Eau qui m’envahit, emplit l’espace, espace les respirations.
Vide d’air en mes poumons. Souffle de vie qui s’échappe de mes lèvres. Yeux grands ouverts. Vide. Fenêtres sur l’âme. Vide.
Love, etc…
L’espoir frappe à nouveau, mon cœur jaillit comme une fontaine de fleurs et d’étoiles. Je suis amoureux.
Tu es là. Belle, complète. Tu es là. Toi-même, séduisante. Je suis amoureux.
Puisses-tu ne jamais m’approcher, puissions-nous ne jamais nous parler,
que notre amour grandisse, fructifie, s’épanouisse. Je suis amoureux.
Tu ne le sais pas ? Ce n’est pas grave, cela m’arrange. Je serai le
seul à savoir, je nous aimerai pour deux, jamais nous ne nous
disputerons, toujours nous vivrons dans l’harmonie. Nos nuits seront des
brûlures aussi souvent que mon imagination saura nous unir, sans se
faire déranger par le temps, les gens, la faim ou la fatigue.
Nous nous aimerons un temps ou deux. Profondément, intimement, désespérément. Certaine-ment.
Tu seras plus belle, et plus belle encore…
Notre amour te fera luminer, t’illuminer.
Et puis je ne t’aimerai plus. Nous nous parlerons moins, nos nuits
refroidiront, tu t’éteindras peu à peu, nous nous éloignerons, nous ne
nous comprendrons plus.
L’amour deviendra patience puis impatience.
Nous ne nous supporterons plus. L’amour deviendra fureur, hargne, haine.
Pour une dernière fois, je t’étreindrai, mes mains sur ton cou, le nez
dans tes cheveux. Tu gémiras, mourras. Tu seras morte. Je n’aurai plus
qu’à t’oublier.
Tu ne le sauras pas. Ce n’est pas grave, cela m’arrange.
Tu seras toujours là quelque part autour de moi, et de nouveau mes
amours pourront s’envoler, renaître de leurs restes, plus grand et plus
fort.
Tu seras là, belle, complète. Tu seras là, toi-même, et tu me séduiras.
Je serai amoureux.